Ça y est, le mois de février est enfin terminé! Ce mois plein de rebondissements et de changements. Après tout, c’est encore le début de l’année, de grosses décisions ont été prises. J’ai soufflé mes bougies, j’ai mangé du gâteau et j’ai fait mon voeu annuel.

Gagner de l’âge me fait toujours plaisir, surtout depuis les dernières années. Je me suis rendu compte qu’au fil des mois je me construis des opinions diverses et que mon regard s’agrandit; je me réveille tous les matins avec l’impression d’avoir un œil neuf. La vingtaine, aussi difficile soit-elle, me réussit, sans aucun doute. 

Il y a quelques semaines je me suis retrouvée avec un important groupe d’adultes. J’étais de loin la benjamine, mais je ne me sentais pas moins à l’aise. Au contraire, je comptais apprendre de leur présence et tremper un doigt dans le monde étrange des trentenaires.

Lorsqu’ils ont compris quel âge j’avais, un vent de malaise s’est installé autour de nous, comme si je venais de leur annoncer que j’égorgeais des chatons pour le fun.

Et puis, pour alléger l’atmosphère, mais surtout pour se décomplexer eux-mêmes, ils ont, chacun leur tour, monologué sur la vie. Leurs discours allaient dans le même sens : plus âgé ils devenaient, plus proche du bonheur ils se trouvaient. 

«Tu sais, moi, j’ai vraiment été pleinement épanouie à 40 ans». Ah, tu as donc connu l’orgasme il y a trois ans, ravie de l’apprendre. Écoute, chacun son rythme hein.
« J’ai vraiment appris à 40 ans qu’être en couple ce n’est pas seulement faire des compromis. Si je n’ai pas envie de faire quelque chose bah… j’le fais pas». Dude, honnêtement, tu viens de m’apprendre la vie. Sérieux, MERCI.  
«Ma vingtaine était un grand moment de désordre dans ma vie, je n’étais pas vraiment heureuse. C’est plus tard que je me suis découverte et que j’ai commencé à être en accord avec moi même». Heureuse de savoir que tu as finalement pu régler tes daddy issues.

Bref, j’ai passé une bonne heure à me taire et à hocher la tête. Ces adultes d’apparence si confiants m’ont fait plus de peine qu’autre chose. Je pense qu’ils étaient intimidés par mon aspect de fétus, qui malgré sa frêle apparence se trouvait dans le même environnement qu’eux. 

Ce qui m’a le plus énervée dans cette situation c’est qu’ils m’expliquent d’un air condescendant que je n’avais plus ou moins rien compris à la vie pour l’instant et qu’il faudrait que j’attende encore plus d’une décennie pour apprécier les choses. 

Il se peut fort bien que je ne perçoive pas les mêmes émotions et sentiments qu’eux concernant de nombreuses situations; cela fait seulement trois mois que j’ai un travail stable, je n’ai pas d’enfants et je ne cuis toujours pas mon riz de la bonne manière. Mais, comme chaque jour suffit sa peine, chaque âge nous apporte de nouvelles valeurs. À quoi bon juger l’état d’une personne à partir de son âge ?     

Au risque de passer pour une adolescente boutonneuse et hormonale, je peux décréter, suivi d’un vague mouvement de tête pour déplacer mon toupet graisseux, qu’ils ne savent clairement pas de quoi ils parlent! 

Si l’on devait tous attendre la moitié de notre vie pour être heureux, un grand nombre d’entre nous auraient déjà abandonné à mi-parcours. Ce qui importe ici, c’est d’être heureux et confiant, qu’importe notre âge.