Lundi dernier je suis enfin entrée dans le monde des adultes, par une petite porte, communément appelée “emploi avec contrat à durée indéterminée ».

En d’autres termes, hiphiphip hourra, je me suis faite embaucher !

Je me suis retrouvée le lundi matin à éteindre mon alarme frénétiquement tout en me demandant comment j’allais m’habiller et à prier les grands Dieux pour que mon chauffeur de bus ne fasse pas de syncope en route. C’était mon premier jour, et celui-ci devait se dérouler impérativement à merveille. 

Lorsque je suis arrivée au métro, je me suis rendu compte que j’étais bien trop en avance et que franchement, il ne fallait pas abuser non plus. Du coup, je me suis assise, le journal quotidien à la main, en mode business casual sur un banc, en voyant défiler au moins trois métros devant moi. Quoi de plus chic qu’être trop en avance ?

Petit moment de stress lorsque je me suis retrouvée seule face à moi-même dans l’ascenseur m’emmenant au 10e étage. Regard rapide au miroir, j’ai adressé un sourire discret à mon reflet. Franchement meuf, belle gosse d’en être arrivée là. ‘Me laisse pas tomber ! 

Lorsque je suis arrivée au lieu sacré de mon nouvel emploi, mes supérieurs m’ont guidée jusqu’à mon nouveau bureau. Oui, bureau. Non, pas cubicule, coin de pièce, espace minime, latrine… mais bien bureau avec des fenêtres plus grandes que moi, donnant sur les gratte-ciels du centre-ville de Montréal, un ordinateur personnel et assez d’espace pour assister à une danse traditionnelle roumaine. Bref, le luxe. Jamais je n’aurais eu l’audace de penser que tout droit sortie de quatre années intensives d’université j’aurais pu me retrouver avec un emploi comme celui-ci. 

Comme un enfant qui commence son premier jour d’école, j’ai posé mes affaires avec délicatesse dans les placards et je me suis juré de ne pas faire trop de bruit pour ne pas trop déranger. Efficace et droit au but, je n’ai pas lésiné sur les questions. S’intégrer à une entreprise, c’est aussi comprendre son fonctionnement. 

C’est à l’heure du lunch que les langues ont commencé à se délier. La nourriture fait ressortir la vraie nature des gens il faut croire. Entre pâtes, riz, et plats indescriptibles, les conversations se sont faites multiples, drôles et chantantes autour de descriptions animées de télé- séries américaines (« zis iz de vooyyyceeeee ! ») et de petites blagues glissées à la va-vite.

En fin de journée, j’ai fait mon premier appel. La voix quelque peu chevrotante, j’ai laissé mon premier message, pour me rendre compte, en raccrochant, que je n’avais même pas laissé mon numéro de téléphone à mon interlocuteur. Erreur de débutante oblige. 

La semaine est passée, au rythme d’une délicieuse routine, où je me suis réveillée à 7h et couchée à 21h30, épuisée, mais ravie de faire partie d’un nouveau monde.

Mon père m’a toujours dit que le jour où je ne rigolerai plus en entendant le mot « caca », je serai finalement une adulte. Il faut croire que je n’ai pas encore grandi… N’empêche que j’ai quand même un emploi.