Pour moi, la crise de la vingtaine en est une identitaire. Toutes sortes de réflexions et une foule de questionnements se bousculent dans ma tête pour n’être que plus chamboulées dès que j’y sors pour me confronter au monde extérieur. Le fameux « Qu’est-ce que j’aime vraiment? » au « Qu’est-ce que je vais faire de ma vie? » en plus du « Où? », « Comment? » et « Avec qui? » sont mes compagnons de tous les jours.

« Qui suis-je? » est quant à lui mon meilleur ami. On se connaît ça fait un baille. Plus qu’un ami, d’ailleurs, il est un coach qui me met au défi presque tous les jours. Parce que répondre à cette question de façon constante est quasi impossible. « Ça dépend ». 

L’identité est caméléon. Elle est remaniée dépendamment des personnes qui l’entoure et de la situation dans laquelle elle se trouve. 

À partir du YUL, je me sens canadienne, comme en témoigne le petit livret. Mais à regarder Tout le monde en parle, je me sens québécoise. Je me sens méditerranéenne quand je pense aux histoires de ma famille, et libanaise face au succès professionnel et amoureux d’Alamuddin. Puis je me sens brésilienne quand je mets de la samba à une fête et que tout le monde rale. 

J’aimerais bien dire que je le suis, brésilienne, mais l’ambassade ne le verrait pas du même œil. Je pourrais dire que je suis libanaise, mais je ne serais pas très convaincante si on me demandait d’aligner plus que trois phrases en arabe. Shou? Je pourrais dire alors que je suis canadienne, mais s’il n’en tenait qu’à moi, l’Alberta appartiendrait à une autre dimension. Serai-je québécoise? Il n’y a pas un québécois depuis 22 ans qui m’ait déjà catégorisée ainsi. Ceux qui ont grandi dans les mêmes circonstances que moi le comprendront surement. 

Alors je suis Montréalaise, culturellement diversifiée. Mais au même niveau que la Nouvelle-Écosse, je n’ai jamais mis le pied à Verdun, ni à Pointes-aux-Trembles, ni dans le West Island. Déjà qu’aller à Westmount est toute une aventure. Je suis Rosemontoise, donc, résidant de cette petite patrie. Mais je ne m’identifie pas à mes voisins. Désolé Pierette, nous ne sommes pas pareil toi et moi. 

Alors, je me considère comme quoi? 

Je suis internationale, par delà les frontières terrestres. Je ne me pose pas de limites géographiques, mais des limites mentales. Des visas idéologiques, qui représentent mes intérêts, mes valeurs, mes goûts, plus que ma citoyenneté, mes origines ou ma nationalité. 

Je ne suis ni canadienne, ni québécoise, ni libanaise et encore moins brésilienne. Je ne suis pas latina ni du tout française. Mais j’aime la Colombie-Britannique et je me sens bien dans le Mile-End. Le pain pita est mon troisième coloc et, si je le pouvais, je vivrai à Rio. Je danse la salsa comme d’autres vont à Igloofest, et j’ai un p’tit accent de la France ma parole. J’écris pour 1 ou 2 Fantaisies, et je ne sais pas encore tout à fait ce que je vais faire de ma vie.

Mais tout ça c’est difficile à écrire sur un passeport.