J’ai réalisé récemment que nous vivons dans ce qu’on pourrait appeler (très scientifiquement) une culture du gagnant. Je m’explique : il semble que si on veut «réussir» dans la vie, il faut absolument être compétitif. Ça s’applique à tous les aspects de notre vie : on compare nos salaires, nos emplois, nos photos de voyage, notre beach body, nos résultats sportifs, alouette. Le prix à gagner? Aucune idée, c’est surtout ça le problème.
Le phénomène est compréhensible. Dès notre enfance, nous sommes confrontés à cette compétition. Avoir des bonnes notes, avoir un vélo plus beau que celui du voisin, gagner au soccer, tout ça est essentiel (et valorisé) dans notre tête d’enfant. On se souvient tous de l’exercice du choix des coéquipiers en éducation physique, right? Plus tard dans nos vies, la compétition se raffine : on compare nos augmentations de salaire, nos résultats de jogging, on publie des statuts Facebook en espérant avoir beaucoup de likes, etc. Et les médias sociaux, on va se le dire, c’est une succession de belles photos de profils, de paysages époustouflants ou encore de repas gastronomiques. Et tout le monde va bien. Juste des bonnes nouvelles. Le pire, c’est qu’on sait que ce n’est pas représentatif de la réalité, que personne ne va tout le temps bien, que notre vie n’est pas toujours une grande réussite, mais on le fait tous quand même. Pourquoi? Je me pose la question.
Bon, c’est clair que certaines personnes sont clairement plus compétitives que d’autres. Nous avons tous une amie pour qui une simple partie de Scrabble peut se transformer en guerre mondiale (j’exagère à peine). N’essaie pas de sortir un mot de 50 points avec celle-là, tu pourrais manger la planche de jeu en pleine face ! Et je sais que la compétition peut être une bonne chose : un athlète olympique pour qui l’important c’est surtout de participer ne remportera probablement pas la médaille d’or, sorry. Mais je crois que l’important, c’est de doser, et de réaliser qu’on n’est pas constamment en compétition avec tout le monde.
Premièrement, parce que la notion de «gagner» est assez subjective. Oui, si on résout le même problème mathématique, c’est facile de savoir qui aura la bonne réponse. Mais que dire du physique, par exemple ? Comment peut-on comparer la beauté de deux personnes complètement différentes et uniques ? Deuxièmement, parce qu’on a tendance (surtout nous, ladies) à se comparer avec des personnes qu’on considère «meilleures» que nous. Le gazon est toujours plus vert chez le voisin : on pense à cette fille qui a un corps de rêve, ou ce gars qui a une job malade, au lieu de réaliser que nous sommes en santé, heureuses, et que plusieurs envieraient notre chance.
Ce qui est le plus dommage, c’est que dans la culture du gagnant, on a tendance à valoriser les gens surtout pour ce qu’ils possèdent et ce qu’ils accomplissent plutôt que pour ce qu’ils sont réellement. Ça nous fait surement passer à côté de personnes exceptionnelles, vous ne pensez pas ?
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