L’hiver s’installe petit à petit et avec lui vient le confort de la routine intérieure initiée par les températures sous zéro, autrement dit : « Il fait froid dehors, je veux rester chez moi à regarder des séries ».
Les téléséries : « It was the best of times, it was the worst of times«
Partenaire absolu de la procrastination, ennemi juré de l’efficacité, la télésérie est une substance hautement addictive dont la consommation se développe dès le tout jeune âge.
Le décèlement des premiers symptômes se fait généralement vers l’âge de 10 ans, quand le sujet est exposé pour la première fois à la version française de Dawson’s Creek sur Canal Famille. Il est bon de préciser que la télésérie est doublée à ses débuts, le sujet encore trop jeune pour pratiquer son bilinguisme. Les versions originales feront leur apparition de façon progressive.
Le sujet présente des symptômes légers, toutefois occasionnels, pendant la diffusion de Dans une galaxie près de chez vous et Radio Enfer. Mais c’est réellement l’arrivée de Gilmore Girls qui marque le début d’une nouvelle ère. Une ère comblée de séances ponctuelles avec le téléviseur et de bonding time mère-fille. Le sujet s’attache aux personnages et s’insère virtuellement dans leur famille. Il lui tarde de les retrouver la semaine suivante pour ressentir leurs peines et partager leurs joies. L’arrivée du lecteur DVD, et par le fait même l’achat du tout premier coffret DVD, facilite ces retrouvailles (encore et encore).
Vient ensuite la phase charnière de la nostalgie maladive, qui fiche Friends et Sex and the City sur la liste noire. Elle est caractérisée par le re-visionnement sans fin des 236 épisodes ou par la consommation abusive de Cosmopolitans. Des traitements font actuellement l’objet d’essais cliniques pour calmer ces symptômes. On tente également de légiférer les rediffusions, qui surviennent généralement durant le temps des fêtes (un moment vulnérable pour le sujet). D’ici là, les débats sains se poursuivent, tels que le « were they really on a break? » et le « Carry et Mr. Big finiront-ils par se marier?»
Le visionnement du dernier épisode définitif d’une télésérie auquel le sujet est déjà accroc ponctue le cycle d’addiction de façon significative. L’impression de ne plus savoir quoi faire de ses temps libres — ou, à l’extrême, ne plus savoir quoi faire de sa vie — est un symptôme caractéristique. Weeds, 30 Rock et Mad Men en sont des excitateurs reconnus. Toutefois, ces effets s’estompent dès que les mots « Connais-tu la série ***? Tu devrais vraiment la regarder, je suis sur que tu aimerais » sont prononcés. Un épisode, cinq épisodes, puis le sujet rechute.
Il est important de souligner que bien que la consommation d’une télésérie en rattrapage de quelques années Shameless, six feet under n’est pas exactement la même que celle d’une télésérie en temps réel The Walking Dead, Girls, elles présentent des similarités incontestables, surtout en ce qui a trait aux effets secondaires et à la cure qui en suivra.
Les téléséries provoquent une forte dépendance qu’il est pénible d’enrayer, car même loin de l’environnement propice à la consommation, le junkie homesick trouvera confort dans leur visionnement, telle une grand-mère latina devant sa télénovela brésilienne.
En l’état actuel des connaissances, il n’y a aucune certitude des causes premières de l’addiction aux téléséries; les facteurs de l’ennui ou de la banalité de la vie font l’objet de controverses scientifiques; la possession d’une connexion internet, les fins de sessions, le froid et la malice de HBO, à des degrés divers peuvent influencer l’apparition de certains symptômes.
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