Il y a de ces moments inévitables de la vie que l’on redoute. La file à la SAAQ, le lendemain de veille, l’arrivée du compte d’hydro, le dernier jour d’un voyage et, le plus terrifiant, l’épilation chez l’esthéticienne.
Souffrir pour être belle est un euphémisme. Surtout quand ladite beauté inclût une avulsion totale ou partielle de quelque chose. Peu importe la quantité d’ibuprofènes ingérée, le nombre de calmants essayés ou les couches de crème anesthésiantes appliquées, l’épilation bikini ça fait mal. Surtout quand elle était due depuis un bout.
Alors, on se dit qu’on doit prendre rendez-vous. On repousse et on remet à demain jusqu’à ce que demain arrive et qu’on n’ait plus le choix. Et bien sûr on appelle dans un centre d’achat en sortant du travail en tentant de chuchoter le plus audiblement quand on dit « C’est pour une épilation du bikini. Du bikini, oui. Oui. Heu, totale. To-ta-le. Oui. Merci. »
Le jour J, une préparation s’impose. Une minute de taillage est requise « pour ne pas que l’esthéticienne nous juge ». Ce qu’on sait très bien qu’elles ne font jamais. En fait, c’est pour ne pas nous juger nous-mêmes. Hop, c’est fait, un advil et on est parties.
Un premier pas dans le salon et on peut déjà savoir à quoi s’attendre. Au-delà des stéréotypes ordinaires, il y a des éléments du décor et de l’accueil de la dame à la cire qui rappellent des expériences passées. Comme cette fois au Brésil, où j’ai dû y, aller de toute urgence, et sans rendez-vous, quand j’ai découvert le diamètre des culottes à la brésilienne. L’hygiène du salon, qui était un peu glauque et désuet, laissait à désirer, tandis que Mme Soares me shlick-shlackait la bandelette de cire tout en me montrant des photos de son fils célibataire en passant. Cinq minutes, c’était fini, et je n’ai jamais été aussi bien épilée de ma vie pubère.
Il y a aussi eu la Russe au centre-ville. Assez virulente, elle m’ôtait les résidus à coups de « honey, it’s okay » et de « turn over sweety and hold your bum« . Douleur intense, certes, mais dans un temps record. Pas de papotage, elle y est allé de main forte et m’a fait peau neuve en trois minutes chrono. Elle m’a aussi fait promettre de revenir la voir chaque six semaines, « it’s better for you sweety« . C’est du business après tout.
Puis il y a la Québécoise dans un salon du plateau. Apaisant, qui sent bon, avec de la petite musique yoga-esque et des pantoufles. Elle ouvre un nouveau pot de cire à chaque nouvelle cliente et me demande souvent si tout va bien, si elle me fait mal. Elle me parle de son dernier voyage en République dominicaine et me demande qu’est-ce que je fais dans ma vie. Faire du small talk la jambe en l’air, c’est dur. Vingt minutes plus tard, elle me donne le temps de me huiler et me fait faire le tour de la propriété. « On offre aussi le laser ».
L’habit a beau ne pas faire le moine, c’est l’esthéticienne qui fait l’épilation. Trouver celle qui nous convient le mieux est tout dans notre intérêt. Et ici, les DIY ne sont pas nécessairement l’idéal. Le miel et l’huile ne font pas bon ménage avec mes skills d’acrobates et ce n’est jamais plaisant de se promener avec la cire séchée sur ses cuisses.
L’épilation disais-je, un mal nécessaire. Mais je suis au moins prête pour le printemps. On se revoit dans six semaines!
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