Comme gauchère, mon quotidien est rempli d’embuches dont tu ne soupçonnes même pas l’existence, mon cher droitier. Les choses, les sports et les jeux ont été pensés pour ta main, et je dois tant bien que mal apprendre à me débrouiller, gauche que je suis (dans tous les sens du terme). Lis bien ceci, car je te rends un service : dans la vie, on n’est pas toujours reconnaissants pour ce qu’on a. Bien voilà pour toi, mon ami, un texte qui te fera réaliser tes privilèges de droitier. 

Les difficultés d’un gaucher débutent très tôt, généralement pendant les séances de bricolage: un vieux ciseau vert à moitié brisé traine au fond du tiroir (et ça, c’est quand il y en a un !) et s’il y a plusieurs gauchers, just too bad. Dans ce même court, quand vient l’étape de faire une ligne droite, quelque chose nous bloque toujours la vue, c’est-à-dire notre maudite main gauche ! Elle est toujours dans les jambes quand on se sert d’un crayon. D’ailleurs, en apprenant à écrire, on découvre que nous sommes les seuls à salir nos feuilles sans bon sens. On souffre du syndrome que les gauchers connaissent tous : le syndrome de la main noire.

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Tu ne te doutes pas de toutes ces fois où j’ai perdu des points dans mon enfance à cause de mes feuilles malpropres! J’ai d’ailleurs vite appris à m’adapter, et par m’adapter, je veux dire qu’effacer ma main au 5 minutes est devenu une étape considérable dans mes travaux écrits. Et là, je n’ose même pas abordé les cahiers spirales, qui disons-le franchement semble avoir été crée uniquement pour faire chier les gauchers. 

Devenus jeunes adultes, encore une fois la vie est plus facile pour toi, droitier. Juste cuisiner est un vrai défi pour les gauchers. Perso, je suis absolument incapable de couper des carottes et des patates, et je l’avoue de me servir des couteaux de cuisine en général. Bon ok je rush avec n’importe quel instrument de cuisine. Ensuite, lorsque vient le temps de passer à table, tous les invités tassent poliment leurs ustensiles de l’autre côté, parce que j’ai encore mis tout à gauche bien sûr. Et si par malheur, je ne peux m’asseoir au bout de la table, je gosse la personne à côté de moi et on joue littéralement du coude toute la soirée.

Avec le temps, j’ai appris à aimer mon p’tit côté gauche. Premièrement, parce qu’on se sent toujours spécial quand les gens nous voient écrire pour la première fois et s’exclament : Ah ouais, tu es gauchère ? J’ai une tante qui est gauchère aussi ! Je me suis toujours demandé d’ailleurs pourquoi les droitiers nous parlent de tous les gauchers qu’ils connaissent. Mais entres gauchers aussi, il existe un esprit de solidarité, et chaque fois qu’on en voit un autre on ressent comme le besoin de lui dire : moi aussi je suis gauchère, high five !  Après tout, nous sommes une minorité, aussi bien s’entraider ! Deuxièmement parce qu’être gaucher, c’est avoir beaucoup de créativité. Quelques études révèlent effectivement que comme les gauchers se servent davantage de leur hémisphère droit, ils sont généralement plus créatifs. 

Faut bien avoir quelques avantages ! 

Bref, dans la vie, mon p’tit droitier, tout n’est pas que blanc ou noir, que gauche ou droite! Ma vie de gauchère peut parfois être ardue, et c’est peut-être pour ça que je suis aussi nulle en sport (l’excuse parfaite), mais elle me rend aussi un brin plus unique. Alors, coupe-moi mes légumes please, et moi je te ferai des beaux dessins! La vie est bien faite, pareil !