En plein milieu de ma 14e année sur terre, mes parents ont eu la fabuleuse idée de déménager notre minuscule famille (eux+moi+le chat) de Portland Oregon aux États-Unis à Beyrouth au Liban. La raison du pourquoi du comment est un tout autre article, et je n’ai honnêtement pas envie de déblatérer sur ce sujet. 

Pour fêter mon départ en grande pompe, mes amies ont organisé un sleep-over gigantesque, chez une des filles les plus populaires du collège. Va savoir pourquoi, nous avions nommé cette soirée : Connie’s (aka moi) Bachelorette Party. Je ne me souviens plus du Inside joke qui a mené à ce titre complètement absurde pour de jeunes ados pré pubères, mais je tiens à préciser que je ne pense pas avoir su exactement en quoi consistait une bachelorette party. Au programme, un intense visionnement de Mean Girls (c’était en 2006, nous étions donc en plein dedans), beaucoup de gossip, beaucoup de rigolade, de la pizz’ et des bonbons, des photos en masse, des penis and boob pancakes (non je ne rigole pas) et un échange de cadeaux en mode white elephant. 

Tout le monde avait ramené des petits cadeaux emballés et tour à tour nous pouvions en piocher un. Ils variaient entre des petites crèmes pour le corps, à des bijoux, à des foulards à paillettes (que voulez-vous, la mode à cette époque hein…). Et puis une de mes meilleures amies a pioché… attention…un string en bonbons. Non je ne rigole pas, et non ce n’est pas tout. Pendant que Taylor enfilait gracieusement son string comestible par-dessus ses shorts, l’hôtesse de cette petite fête organisée m’a tendu un paquet. Notons que j’avais déjà été bien gâtée avec une écharpe blanche et rouge à la Miss France sur laquelle était écrit un truc du genre Bachelorette Girl. Je le répète, j’avais 14 ans.

Toute contente d’avoir un cadeau hors Noël et anniversaire, je me suis appliquée à défaire l’emballage soinieusement en tentant d’imaginer son contenu. Un t-shirt Abercrombie & Fitch ? Une boite de Lipsmackers ? Des carnets Lisa Frank ? Des chaussettes Paul Frank ? 

Un godemiché. Un god. Un dildo. 

Violet, miroitant ses mille paillettes contre les murs de la pièce, cet objet inconnu m’avait été offert en cadeau de départ. Je ne le répèterai jamais assez, j’avais 14 ans.
Sur le coup, je ne me suis pas rendu compte de l’énormité de la chose. Je savais vaguement à quoi cela servait, mais mon éducation sexuelle s’étendait péniblement à, quand on aime quelqu’un, eh ben… on l’embrasse. Oui j’étais naïve, on ne va pas épiloguer.

« Regarde ! En plus, il va sous l’eau si tu veux !! » m’a expliqué Haley en m’indiquant les possibilités infinies de plaisir inscrites à l’endos de la boite.
Je n’ai même pas le souvenir d’avoir déballé le dildo, trop préoccupée à chanter la chanson Tipsy de J-Kwon que blastait les speakers à côté.
L’objet a été laissé de côté et toutes les jeunes filles que nous étions se sont adonnées à une bataille d’eau, bien méritée dans le jardin, Taylor, son string en bonbons toujours par-dessus ses shorts.   

Mais qu’est-il arrivé à ce god me demandez-vous ! Le lundi suivant, nous l’avons introduit dans la boite aux lettres d’un prof d’Anglais, se trouvant à l’accueil de l’école, pour blaguer. Depuis ce jour-là, aucune nouvelle du godemiché violet brillant. 

La légende dit que les professeurs de la petite école de Portland se le partagent toutes les semaines…