On l’a toutes fait. Certaines parce qu’elles aiment vraiment ça. D’autres l’ont fait simplement pour « voir comment c’était ». Il y a des fans, des très fans, des extrêmement fans et d’autres qui n’ont aucune idée de comment ça se joue. Certaines n’en sont pas à leur première fois, loin de là, d’autres y vont de temps de temps, mais ne prenne pas le temps de faire le suivi. Oui, on l’a toutes déjà fait. On est toutes déjà allées voir un match dans un bar.

Que ce soit entre amis ou en tête-à-tête, l’expérience est bien la même. Elle reste cependant unique et bien distincte quand il est question de soccer, communément appelé foot. J’ai expérimenté ce rassemblement samedi, lors de la finale d’une certaine ligue des champions, entre les véritables et les très athlétiques madrilènes. N’étant pas à ma première fois, je n’en ai pas fait tout un plat, mais j’ai tout de même examiné ma propre évolution à travers le temps, l’évolution de la petite copine d’un accro au soccer dans un habitat pas si naturel que ça.

La petite copine d’un fan de soccer a bien appris de ses erreurs. Elle veut que son copain soit content et elle sait maintenant que ce qui fait son bonheur n’est pas nécessairement où ils regardent le match, mais bien qu’ils regardent le match. Regarder la finale de la coupe d’Europe de 2012 en plein cœur de la Petite Italie n’est certainement pas une option. Le simple fait de regarder est impossible. Allons dans un petit bar confortable où la bière est donnée et où l’on peut au moins avoir une vue complète de l’écran. L’ambiance suivra naturellement le match de foot peu importe le bar, aussi miteux soit-il.

Il y a plus de fans de soccer à Montréal qu’on se l’imagine, et ce ne sont pas tous des Français. Du reste, c’est ce qui fait la beauté de ce sport. Le soccer est rassembleur, de toutes les nationalités, de toutes les couleurs, de tous les penchants personnels, de tous les climats et de toutes les salades de choux. Car ultimement, le foot peut-être joué et apprécié partout et par n’importe qui. Une balle et un joueur, c’est tout ce qu’il faut. Tant qu’il n’est pas utilisé pour cacher des problèmes de société, tout va bien.

La petite copine a compris cela et profite pleinement de la diversité des conversations qui s’enchaînent entre les autres fans. Elle a bien pris soin de demander à l’avance quelle équipe elle doit encourager, et surtout quelle est la couleur de leur maillot, pour éviter une éventuelle confusion. Elle a aussi pris le temps de repérer la seule autre fille de la place, pour plus tard pouvoir constater et comparer son humeur. Dans cet habitat, elles ne sont pas adversaires, mais bien complices.

La petite copine s’adapte à son nouvel environnement très facilement. L’alcool aidant, elle est de plus en plus motivée. Elle se surprend elle-même à angoisser pour les joueurs qui gagneront éventuellement, et se sentir mal pour ceux qui perdront. Il n’y a pas plus empathique qu’elle. Ses quelques questions techniques entrecoupent parfois ce crescendo d’émotions, lui rappelant qu’elle n’est que novice ici.

Combien de fois lui a-t-on expliqué les règles du offside? Peu importe, durant ces 90 minutes et plus, la balle et elle ne font plus qu’un. Pur triomphe quand l’équipe gagne, et apothéose face à Ronaldo qui enlève son maillot pour célébrer. Elle le trouve un peu pompeux, mais elle ne dit pas non.

Mais le véritable avantage dans tout ça? Le bar sportif durant un match de soccer est un des seuls endroits sur la planète où ce n’est pas à la fille de faire la file pour aller aux toilettes. Et ça, mesdames, ça vaut bien toutes les explications de offside du monde.