Mon corps a oublié ce qu’est l’amour. Je sais que je l’ai vécu, je sais que je l’ai senti et je sais que je l’ai partagé. Je sais qu’il était une fois, il s’est déposé sur ma peau et l’a recouverte de sa chaleur enivrante.

L’amour s’est installé profondément en moi et s’est construit un nid. Il a déposé ses ailes autour de mon cœur et s’est joint à lui, pour le faire battre sans répit. Mon cœur n’a cessé de battre la chamade, si bien qu’il a explosé en un million de confettis. Ils se sont déposés sur mes iris, au bout de mes doigts et dans mon souffle. Ils se sont mélangés à mes cheveux et se sont fondus à mon rire. Leur couleur a changé avec les saisons, se sont multipliés et petit à petit, le vent les a dissipés au rythme des jours, des mois et finalement, des années. 

Cela faisait longtemps que ces confettis n’avaient pas rempli mes poches et brouillé ma vision. Je ne les voyais plus papillonner autour de moi lorsque je croisais mon reflet distrait. Mon cœur, dénudé de ces ailes, avait repris son rythme doux et monotone. 

C’est une solitude muette qui s’était installée. Confortablement, à pas de velours elle avait déposé l’ombre d’un baiser sur mes lèvres. Son goût de larmes salées, d’abord amer, c’est ensuite adouci. Mes papilles l’ont apprivoisé et se sont habituées. 

Je n’étais ni triste ni heureuse – simplement un contraste des deux. Mon sang avait cessé de bouillonner puisque les caresses n’étaient plus. Les frissons qui parcouraient mon échine n’étaient qu’un souvenir. Il m’arrivait d’apercevoir leur silhouette lorsque des mots colorés de promesses m’étaient murmurés à l’heure où le ciel est enveloppé de sa robe étoilée.

Je pensais que mon corps avait oublié ce qu’était l’amour.

Et puis un beau jour, l’amour s’est installé en moi et s’est construit un nid. Pourtant, rien n’avait changé dans ma vie. Il a déposé ses ailes autour de mon cœur et m’a reprise.

Les confettis se sont réintroduits à ma vie, éparpillés dans mon bol de thé, se consumant aux côtés de mes bougies. Pourtant, je n’ai pas de Toi avec qui les partager. Les confettis, comme les fleurs timides au printemps, ont bourgeonné et m’ont enveloppée de leur douceur. 

J’ai réappris la courbe de mon nez, la couleur de mes yeux et l’ourlet de mes lèvres. J’ai réappris le son de mon rire, la cadence de ma démarche et la profondeur de mon souffle. 

J’ai appris à m’aimer, sans le regard d’un autre.