Puisque tout le monde semble se marier ces temps-ci, j’ai réalisé qu’il y aurait très certainement, dans les prochaines années à venir, une explosion de bébés. L’angoisse.

Les enfants et moi, ça n’a jamais été simple. Plus jeune je faisais du baby-sitting chez des amis de mes parents. Une fois qu’ils sortaient et me laissaient seule avec leurs bouts de choux, je perdais tous mes moyens, et pas parce qu’ils étaient mignons à croquer, simplement parce que j’étais très mal à l’aise avec leurs petites bouilles rondes. Certains diront que j’étais encore jeune à l’époque (11 ou 12 ans) et d’autres que je n’étais peut-être pas prête à me jeter dans la fosse au Barbie et au Lego.  Peu importe la source, je ressentais un malaise.

Je pense que mon incapacité à apprécier les enfants vient du fait que je sois enfant unique. N’ayant pas eu de petit frère à taper ou de petite sœur avec qui me disputer, je n’ai jamais vraiment été de connivence avec toute personne plus jeune que moi. Je dois dire que c’est d’ailleurs un de mes défauts, et je regrette d’être ainsi. Je ne peux plus compter le nombre de fois que je me suis fait enguirlander par ma grand-mère qui ne comprend toujours pas pourquoi mon visage se tord lorsque j’apprends qu’un bébé est né dans la famille.

J’étais à la piscine il y a quelques jours avec deux amies. Elles poussaient des « ooh » et des « ahh » enjoués lorsque des petits en bouée et crème solaire sur le nez venaient faire trois pas dans notre direction. Ma seule réaction concrète a été de froncer les sourcils et de faire une prière silencieuse, Seigneur, faites qu’il ne crie pas. I’m terribly hungover et si ce petit asticot sort un seul son- que dis-je, borborygme- ma tête va exploser.

Et puis, c’est autour d’un verre de vino, la langue un peu déliée que je parlais mariage, gamins et tout le package avec une amie un peu plus âgée, mais surtout beaucoup plus sage que moi. Alors que je lui avouais ma crainte des enfants et mon besoin constant de m’éloigner des ces petites choses elle m’a sorti une drôle de phrase : « Tu sais Constance, je pense que tu feras une très bonne mère. Tu seras très certainement tête en l’air et tu seras du genre à laisser ton enfant mettre ses doigts dans la prise pour l’applaudir ensuite, mais tu seras une très bonne mère ».

J’aime me dire qu’elle a raison, et que je ne serais plus dégoutée à la vue d’un peu de bave et que leurs cris et caprices ne seront que douce musique à mes oreilles. Finalement, je serais peut-être le genre de femme qui aimera uniquement ses enfants à elle, tout en toisant ceux des autres d’un regard mauvais. D’ici là, j’essaye de ne pas mettre mes propres doigts dans une prise, ce sera déjà ça de gagné.